Actu

Les 7 principes humanitaires fondamentaux expliqués

En 1965, le Mouvement international de la Croix-Rouge adopte officiellement sept principes, posant un cadre inédit pour l’action humanitaire mondiale. Leur application ne relève ni du bon sens ni de l’évidence : ces principes résistent aux compromis et aux pressions politiques, même dans les situations d’urgence les plus critiques.Certains États tentent régulièrement de conditionner l’aide à des intérêts stratégiques, mais les grandes organisations humanitaires persistent à défendre l’autonomie de leur engagement. Les principes en question s’imposent comme une référence universelle, même si leur interprétation varie selon les contextes et les crises.

Pourquoi les principes humanitaires sont au cœur de l’action de la Croix-Rouge

Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge n’a pas fait reposer son engagement sur le simple élan du cœur. Dès la XXe Conférence internationale de la Croix-Rouge en 1965, ses Principes fondamentaux deviennent la charte de chaque action, de chaque négociation sur le terrain. Inscrits dans les statuts du Mouvement depuis 1986, ils fédèrent aujourd’hui 192 sociétés nationales, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) autour d’une même vision éthique et pratique.

Sans cet appui, l’action humanitaire se disperserait aussitôt : la neutralité et l’impartialité forment le passeport indispensable pour rejoindre les populations isolées par les conflits et les crises. Respecter ces principes, c’est être reconnu par tous les camps. C’est obtenir le droit de porter secours là où le dialogue a disparu, traiter chaque personne avec le même égard quels que soient ses origines, sa foi, ou ses opinions. Une telle confiance, si rare, ne s’improvise pas.

Reconnaissance et influence internationale

Deux éléments majeurs démontrent la portée de ces principes hors du cercle du Mouvement :

  • Les Principes fondamentaux bénéficient d’une reconnaissance par l’Assemblée générale des Nations Unies.
  • Le Droit international humanitaire (DIH), promu par le CICR, relie exigences du droit et réalité du terrain.

La Fédération internationale et la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge rappellent que deux piliers donnent corps au Mouvement : l’unité, une société unique par pays, ouverte à tous, et l’universalité, où chaque société, d’où qu’elle vienne, s’engage sur un pied d’égalité. Un engagement sans arrières-pensées, porté par l’emblème blanc, croix ou croissant, pour porter secours partout, sans exception.

Les 7 principes fondamentaux expliqués simplement

Humanité

Ici, tout commence avec une priorité : préserver la vie, sauver la santé, alléger la souffrance wherever elle surgit. Cet héritage de Solférino met la personne humaine au centre. Ni calcul, ni sélection, juste la volonté de protéger la dignité là où elle menace de disparaître, malgré le chaos.

Impartialité

Quiconque en a besoin reçoit de l’aide : sans distinction d’origine, de religion, ou d’opinion. La solidarité ne choisit pas son camp, elle répond seulement à l’urgence des plus démunis, des blessés, sans tenir compte de leur position ou de leur histoire.

Neutralité

Pendant les hostilités, la neutralité reste la clé d’accès. Le Mouvement refuse de s’aligner, refuse d’être instrumentalisé par un enjeu politique ou religieux. Cette position, établie dès la première Convention de Genève, permet de travailler en confiance avec toutes les parties autour des populations fragilisées.

Indépendance

Le Mouvement international garantit sa capacité à agir sans contrainte. Même quand les Sociétés nationales collaborent avec leur gouvernement, leur autonomie opérationnelle demeure, fermant la porte à toute tutelle ou récupération.

Trois autres principes viennent renforcer cette base solide :

  • Volontariat : agir par choix, jamais par intérêt personnel.
  • Unité : une seule Société de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge par pays, ouverte à chacun, pour préserver cohérence et diversité.
  • Universalité : partout, chaque Société nationale possède les mêmes droits, les mêmes devoirs. La solidarité n’a plus de frontière.

Ce socle, fixé en 1965 par Jean Pictet à la suite d’Henry Dunant, Gustave Moynier ou Max Huber, façonne un comportement collectif sans équivalent. Ces principes, que l’on nomme parfois substantiels ou organiques, servent de colonne vertébrale à l’ensemble du secteur humanitaire.

Travailleur humanitaire consolant un enfant dans un refuge lumineux

Comment ces valeurs inspirent l’engagement et l’action humanitaire aujourd’hui

Les principes fondamentaux traversent les époques sans prendre une ride. Aujourd’hui, ils irriguent aussi bien le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge que d’autres organismes comme Médecins Sans Frontières ou Amnesty International. La neutralité en donne un exemple fort : elle ne conduit pas au silence, mais incite à porter témoignage sans jamais compromettre l’accès aux victimes. MSF, en choisissant de parler malgré les risques, a ouvert la voie à une nouvelle responsabilité humanitaire, qui conjugue la complexité du terrain à la confiance des acteurs.

Depuis la XXe Conférence internationale de la Croix-Rouge en 1965, leur inscription dans les statuts du Mouvement en 1986 a cristallisé ce cadre. Impossible de prétendre au respect sans impartialité. Sans indépendance, l’accès finit tôt ou tard par se refermer. Chaque action, de la distribution alimentaire au soutien psychologique, doit sa légitimité à cette charpente collective.

La reconnaissance des principes humanitaires par l’Assemblée générale des Nations Unies en marque la portée universelle. Dans chaque zone dévastée par la guerre ou frappée par une catastrophe, ces valeurs deviennent gestes et décisions : prendre le temps d’écouter, intervenir sans délai, agir en médiateur pour apaiser les tensions. Elles inspirent la coopération entre ONG et la volonté d’ancrer le droit international humanitaire dans les pratiques réelles.

À l’heure où l’humanitaire affronte des défis multiples et entremêlés, ces sept principes continuent de tracer la voie : celle d’une solidarité sans condition, dans la tempête ou la paix retrouvée, pour rappeler qu’aucune détresse n’est invisible, aucun être humain laissé de côté.